25.Aller à l’essentiel
Toute mon adolescence, je me suis entendu dire que je ne devais pas me disperser mais « aller à l’essentiel » sans que jamais personne ne puisse me dire en quoi consistait cet « essentiel » vers lequel je devais aller. Aussi ai-je longtemps essayé de le définir par moi-même… L’essentiel, mais l’essentiel pour qui, l’essentiel pour quoi ?
Après une période de vie assez longue, je ne suis pas encore certain d’avoir la réponse. L’argent, la réussite sociale, la notoriété, l’amour, le bien-être, la santé ? Toute réponse un peu affirmative me semble ne reposer que sur des lieux communs. J’ai de l’argent, pas énormément mais assez pour vivre sans inquiétude. Je crois avoir réalisé, si l’on en croit mon entourage et la presse, ce que l’on appelle généralement « une vie réussie » et je fais partie de quelques unes des personnalités qui sont sorties de l’anonymat sans être pourtant devenues des vedettes. Il arrive même que l’on me reconnaisse dans la rue et je me vois parfois abordé par un ou une inconnue qui me saluent de mon nom comme mon fromager, mon poissonnier, mon vcolailler et ma boulangère… L’amour. Ah l’amour ! Peut-être est-ce là le terrain le plus difficile : j’ai aimé, on m’a aimé et si ces deux situations ne se sont pas toujours conjointes j’ai vécu de longues périodes de plénitude sentimentale. Le bien-être étant une résultante, j’ai vécu dans un certain confort, assez loin de tout souci et de toute inquiétude et même la santé m’a été donnée sans que je fasse grand chose pour cela.
Pourtant…
Pourtant, au fur et à mesure que ma vie approche de sa fin, je ne sais toujours pas ce qui pour moi est l’essentiel et garde un fort sentiment d’échec persuadé que je suis passé à côté de lui, que dans tout ce que je n’ai pas connu et que je ne pourrais maintenant pas connaître devait se dissimuler ce quelque chose qui, pour moi, aurait été l’essentiel.
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