21.La photographie



Personnellement je photographie peu, pourtant la photographie est une technique qui me séduit. J’ai horreur des photos qui ont des prétentions esthétiques, non seulement celles qui veulent « faire joli » mais également toutes celles qui cherchent à faire de la photo quelque chose comme un art plastique. Je regarde de très nombreux albums photo… mon préféré est celui de Saint-Loup car les clichés sont tout sauf des clichés : il ne s’intéresse ni à l’esthétique ni à l’anecdote mais donne à chaque fois sa vision étrange du monde. Ils sont au-delà de la fiction, en deçà de l’anecdote.
Je considère en effet que la photographie, si elle peut prétendre à être une création d’ordre artistique ne doit rivaliser ni avec la peinture ni avec la réalité. Elle ne doit être ni un simple témoin (« ça a été… ») ni un embellissement artificiel de ce monde tel que l’on trouve si souvent, notamment dans la recherche de couleurs « poussées », d’un trop de couleur — l’exemple parfait étant pour moi les portes colorées grecques ou provençales qui séduisent tant les gens ordinaires…— Le monde est en effet plus fade qu’il n’y paraît, du moins pour mon œil. De même les scènes à la Cartier-Bresson me gênent dans leur construction artificielle, leur mise en scène du monde qui, pour l’essentiel, comme tant d’autres, joue sur la nostalgie.
Ce qui m’intéresse c’est un regard presque impossible sur le monde, un regard ascète, dépouillé, ponctuel, une façon de mettre en évidence, en le stabilisant, en l’isolant, en le découpant, quelque chose qu’autrement je n’aurais pas vu. Dans certains cas, la couleur est une gêne. Dans d’autres, lorsque c’est cette couleur qui est donnée à voir, elle est une évidence. Très souvent j’ai essayé de réaliser ce qui était pour moi la photo idéale mais, n’y étant jamais, à mon sens, parvenu, je me contente depuis d’analyser les travaux des autres.

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